Deux jeunes femmes sur ce petit plateau de la chapelle des Antonins à Avignon : à leur chamaillerie, on comprend que ce sont deux sœurs, apparemment deux jumelles d’environ 10 ans. L’une veut devenir cuisinière et l’autre…aventurière.

À Cannelle le sac à dos, et à Madeleine la toque et le tablier. A la découverte de leurs rêves respectifs, elles vont partir à l’aventure, une aventure humaine à la rencontre de femmes remarquables. 

 A tour de rôle, chacune des deux jeunes filles croisera ainsi le destin de personnalités. Car ici, les « Magistrales » ce sont ces femmes qui, chacune à leur manière a fait l’histoire. 

Pas de réhabilitation militante ici, juste une découverte, une curiosité dans laquelle le spectateur est pris par la main pour redécouvrir Marie Curie, Amélie Mauresmo, Gisèle Halimi ou Joséphine Baker, mais aussi pour découvrir celles qui parmi les moins connues n’en ont pas moins marqué l’époque de leurs exploits ou de leurs actions. On se rappellera ainsi autrement que par un nom de place ou de bâtiment public, les noms d’Alice Guy, Jacqueline Auriol ou Chloé Charles. 

Sur le côté droit du plateau, un paravent sur lequel de multiples accessoires seront accrochés au fil du jeu. Ce sont des jeunes filles et donc elles se déguisent, ici d’une paire de lunettes de la première pilote de voltige (Jaqueline Auriol), ou là d’une blouse bariolée de peintre-plasticienne (Niki De Saint-Phalle) 

Pour éviter l’énumération de ces treize héroïnes, l’une des comédiennes se met au clavier et joue, parfois en chantant. Et là aussi, ce sont les femmes compositrices ou autrices qui sont à l’honneur. Pauline Viardot ou Lili Boulanger, entre autres.

Sans cesse l’espace scénique est recomposé par un Rubalise, ce ruban qui délimite d’ordinaire les chantiers. Nous voici soudain dans l’Himalaya, dans un tribunal ou à Roland Garros. 

Certes « Magistrales » s’adresse en premier lieu aux enfants, à qui le spectacle laisse parfois la parole en diffusant les voix de certains d’entre eux, mais l’adulte n’est jamais oublié. Il se laisse aisément entrainer par ces deux comédiennes qui savent toujours trouver le ton juste pour être des enfants de théâtre tels qu’on a envie de les voir. 

En douceur, en musique et avec le sourire, le message est ainsi passé. Oui, une petite fille peut être une aventurière brillante, une cheffe cuisinière reconnue, une avocate marquante, une tenniswoman qui assume sa différence, ou une pilote chevronnée. Chacune d’entre elles a le droit de voir loin et d’ambitionner de devenir à sa manière une « magistrale ».